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Le courage
Germaine Tillion dans l'Algérie en guerre

Germaine Tillion, ethnologue, résistante déportée, reste un des  grands témoins des bouleversements du vingtième siècle.

En novembre 1954, à peine rentrée des Etats-Unis où elle travailla sur les archives des camps nazis elle est sollicitée pour aller enquêter en Algérie sur les « évènements ». Germaine Tillion accepte. Elle est décidée à lutter contre l’extrême misère de la population et crée à cet effet les Centres Sociaux. En 1957, elle retourne en Algérie, dans le cadre d’une enquête sur les prisons, les camps et la torture. Elle dénonce alors l’engrenage des violences réciproques. Elle est contactée à ce moment-là par l’un des chefs du FLN, Yacef Saadi, et deux longues rencontres ont lieu dans la Casbah. Sa volonté de dialogue dans des circonstances dramatiques où le niveau de violence atteint de part et d'autre des niveaux insupportables, est exceptionnelle.

Le TPM propose aux spectateurs de vivre cette période aux côtés de Germaine Tillion, qui au gré de ces rencontres, n’aura de cesse de sauver des vies.

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Adaptation : Roselyne Sarazin, avec le soutien de Nelly Forget

D’après LES ENNEMIS COMPLEMENTAIRES de Germaine Tillion – Editions TIRESIAS

Avec le soutien des associations :

Association Germaine Tillion – Paris – Présidée par Christian Bromberger

A la rencontre de Germaine Tillion – Besançon –

Maison de Germaine Tillion – Plouhinec – Présidée par Marie-Christine Bougant

Spectacle disponible sur ADAGE

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Le Propos

 

1954-1962 : la guerre d’Algérie blesse en profondeur deux populations, la française et l’algérienne. Germaine Tillion, ethnologue spécialiste de l’Algérie mais aussi ancienne résistante, ne peut rester indifférente à tant de souffrances et à un tel gâchis. Mais, à la différence de ce qui s’était produit en 1940, ses sympathies vont maintenant des deux côtés, or elle ne veut renoncer ni à son amour de la patrie ni à son amour de la justice. Ce ne sont pas le bien et le mal qui s’affrontent, mais deux ennemis complémentaires : le terrorisme des uns justifie la torture des autres, la torture et les exécutions capitales rendent licites les attentats. Que faire ? Tenter d’arrêter cet engrenage infernal en s’efforçant de comprendre l’origine du mal, en intervenant de toutes ses (faibles) forces pour sauver des vies humaines.

Michel Reynaud, éditeur.

On ne se lasse pas de Germaine Tillion. Elle a toujours une surprise pour nous.

 

Juillet 2019 : Au bord de l’Yonne à Auxerre je rencontre une conteuse algérienne, Nora Aceval. Nous participons toutes deux au Festival « ça va barder ! ». Echanges sur nos vies, nos spectacles… jusqu’au moment où je prononce le nom de Germaine Tillion.

« Germaine Tillion ?! Je l’ai rencontrée, quelle femme ! Il faut venir jouer à Alger ! Sur son histoire en Algérie plutôt. »

Oui, pourquoi pas ? Après les enregistrements sur le travail d’ethnographe, sur les six années dans les Aurès, après les années d’ »Opérette à Ravensbrück » à travers la France, après le monologue « L’Europe a commencé à Ravensbrück » dont les représentations ne font que commencer auprès des lycéens et du grand public, oui pourquoi pas ; lui donner la parole une nouvelle fois sur ce sujet sensible certes, mais tellement nécessaire.

 

Nelly Forget (voir plus loin) collègue toute sa vie et grande amie de Germaine T., s’en réjouit et propose immédiatement de démarrer ensemble ce travail en 2020. Ainsi viennent d’être enregistrés en 2021 les deux ouvrages de G. Tillion qui sont adaptés pour le spectacle, à savoir «Les ennemis complémentaires » et « L’Afrique bascule vers l’avenir » ; sortie en mars 2022.

 

Claude Cornu, artiste plasticien, qui fut « appelé » en Algérie, qui fit là-bas une expérience particulière en devenant l’instituteur du village d’Inurer (Nouader disaient les français), et grâce à qui ce village doit ses seules images de l’époque, Claude Cornu ne cache pas son enthousiasme à se lancer dans le projet.

Voilà donc deux mémoires essentielles et précieuses de cette guerre d’indépendance de l’Algérie.

 

Plusieurs membres du Théâtre de la Petite Montagne sont prêts à suivre cette aventure :

Christelle Tarry, fidèle comédienne de la Compagnie depuis vingt ans, et Hervé Frémeau, musicien, technicien, régisseur, non moins fidèle depuis maintenant une dizaine d’années.

 

La Compagnie « Les Trois petits points » sera notre partenaire dans la production de ce spectacle : Cette troupe a à cœur de porter à la scène des textes du XXème siècle, ainsi que des créations collectives. Christelle Tarry a rejoint Pierre-Yves Roblès et Dominique Mézard-Mostfa, fondateurs de la Compagnie, dès 1998.

 

Roselyne Sarazin

« Je n’ai jamais pu lire un livre concernant la tragédie algérienne sans éprouver un sentiment d’irréalité, d’inconfort et souvent même de colère.  Un seul livre – celui de Germaine Tillion – m’a semblé, dès le premier abord, vrai, juste et constructif. Germaine Tillion sait de quoi elle parle. Et personne, à l’avenir, en Algérie et partout ailleurs dans le monde, ne saurait parler du problème algérien sans avoir lu ce que cette femme intelligente et éclairée a écrit sur ma terre natale aux abois, si mal comprise, et qu’un espoir déchirant soulève aujourd’hui. »

 

 

Albert Camus, 1957

*Il s’agit de « L’Algérie en 1957 »- Editions de Minuit

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Qui était Germaine Tillion ?

 

 

Germaine Tillion est décédée le 19 avril 2008 à près de 101 ans.

« Engagée du genre humain », « conscience du siècle », « femme mémoire »,  « la Dame du Siècle », les qualificatifs n’ont pas manqué pour évoquer la disparition de ce grand témoin des bouleversements du siècle dernier.

Germaine Tillion, ethnologue, entreprend avant-guerre des missions d’études sur la population algérienne au coeur des Aurès. De retour en France en 1940, en pleine débâcle, elle entre en contact avec les membres du groupe constitué au musée de l’Homme autour de Boris Vildé.

Arrêtée le 13 août 1942, incarcérée à la Santé puis à Fresnes, elle est déportée à Ravensbrück le 21 octobre 1943. Pendant ses mois de déportation, Germaine Tillion commence à interroger autour d’elle ses camarades déportées, à sauvegarder des documents entreprenant ainsi une véritable étude ethnologique pour comprendre le fonctionnement du système concentrationnaire. Elle poursuit ce travail à son retour de déportation par le recensement et la collecte de données sur la déportation des Françaises à Ravensbrück. Entreprise qu’elle poursuivra mandatée par le CNRS jusqu’en 1954,  aidée de ses camarades restant parallèlement engagée en faveur des droits de l’homme et toujours vigilante aux combats de ce siècle.

En novembre 1954, la vie de Germaine Tillion bascule à nouveau. A peine rentrée des Etats-Unis où elle travailla sur les archives des camps nazis, elle est sollicitée par son ancien professeur Louis Massignon pour aller enquêter en Algérie sur les « évènements » qui sont en train de s’y dérouler. Elle arrête brutalement les recherches historiques sur la guerre et la déportation, et part en Algérie, en décembre 1954, pour un séjour de trois mois. A la fin de son enquête, elle est invitée par le nouveau gouverneur général Jacques Soustelle à rejoindre son cabinet. Germaine Tillion accepte, elle y sera « mise à disposition » par le CNRS, pour une durée d’un an, de mars 1955 à mars 1956. Elle est décidée à lutter contre l’extrême misère de la population, qui s’est aggravée, et crée à cet effet un organisme nouveau, les Centres Sociaux. En 1957, Germaine Tillion retourne en Algérie, dans le cadre d’une enquête sur les prisons, les camps et la torture, et elle dénonce l’engrenage des violences réciproques. Elle est contactée à ce moment-là par l’un des chefs du FLN, Yacef Saadi, et deux longues rencontres ont lieu. Elle tente de négocier une trêve dans les exécutions capitales d’un côté, les attentats aveugles, de l’autre. En septembre 1957, Saadi est arrêté. Germaine Tillion vient à son procès en 1958, à Alger, pour témoigner en sa faveur. Il est condamné à mort, mais sera plus tard gracié par le général de Gaulle.

En 1958, Germaine Tillion a été élue directeur d’études à la VIème section de l’Ecole pratique des hautes études (devenue plus tard l’EHESS), et commence à enseigner l’ethnologie du Maghreb. En même temps, elle continue de militer contre la torture et les exécutions.

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Germaine Tillion est entrée au Panthéon le 27 mai 2015

avec Geneviève Anthonioz-De Gaulle, Jean Zay et Pierre Brossolette

à l’initiative du Président de la République François Hollande.

 

« … Comme  tous les drames de ce monde, la compréhension du drame algérien demandait une conjugaison, celle de la grande lumière blanche de l’enquête historique, qui illumine de toutes parts les reliefs et les couleurs, avec l’obscur rayon de l’expérience qui traverse les épaisseurs de la matière. Non pas la seule raison, non pas la passion seule, mais l’une et l’autre ensemble, unissant leurs insuffisantes clartés pour explorer ce gouffre inconnu, le malheur des autres. »

Germaine Tillion  In Fragments de vie  

Notre conseillère technique : Nelly Forget

Elle a été collaboratrice, et amie de Germaine Tillion. Très jeune elle a travaillé dans le Service des Centres Sociaux créé en 1955 par Germaine Tillion et Marie-Renée Chéné,  pour tenter d’éradiquer la misère alors très importante en Algérie. Ethnologue, elle fut auprès de Germaine quasi quotidiennement. Membre fondatrice de l’Association Germaine T., elle sillonne la France, et au-delà, afin de témoigner sur « les vies » et le combat permanent de l’ethnologue engagée.

 

Nelly Forget devant les 27 boites d’archives Germaine Tillion conservées au Musée de la Résistance et de la Déportation de la Citadelle à Besançon (photo Roselyne Sarazin)

On peut aujourd’hui suivre son parcours et écouter ses souvenirs de l’Algérie en guerre  dans un film réalisé en 2018 : L’Affaire de ma vie : des femmes dans la guerre d’Algérie. Film de François Gauducheau et Samira Houari – 2019.

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